JORGE RODRIGUES SIMAO

ADVOCACI NASCUNT, UR JUDICES SIUNT

Réflexion sur les beaux-arts

“La peinture est une chose mentale”.

Leonard de Vinci

C’est au xviiie siècle que les  beaux-arts  deviennent, en tant que tels, objets de réflexion philosophique. Jusque-là, ils ne sont guère distingués de ce que nous appelons les techniques et que l’on appelle encore les arts : l’artiste est un homme de l’art au même titre que l’artisan.

Quand Leonard de Vinci proclame que la peinture est une chose mentale, c’est qu’il revendique pour elle une dignité supérieure à celle que l’on accorde alors aux arts mécaniques dans lesquels on la classe. Il ne saurait donc y avoir, à proprement parler, de  philosophie de l’art  avant le XVIIIe siècle, en tout cas au sens que nous donnons à ce mot. De Burke à Gilles Deleuze, nous proposons neuf étapes de cette réflexion sur les beaux-arts.

Il nous a toutefois semblé que cette philosophie des beaux-arts ne serait pas pleinement intelligible sans un exposé préalable de ce que les Anciens ont pensé de ces arts qui n’étaient pas encore pour eux des  “beaux-arts”. Notre parcours commence donc par trois

noms qui s’imposent d’eux-mêmes : Platon qui est le premier philosophe à faire du beau un objet d’interrogation philosophique et dont les concepts traverseront toute la philosophie de l’art .

Aristote, ne serait-ce que parce que l’art occidental, tout au long de son histoire, a repris sa définition de l’art comme  imitation de la nature ; Plotin, enfin, parce qu’il est peut-être le premier qui reconnaisse aux arts la puissance de manifester la beauté. Bien des philosophes manquent dans cet ouvrage qui se veut d’initiation. Tel ou tel choix sera jugé contestable et l’est certainement. Les exposés proposés ne prétendent même pas à l’exhaustivité.

Nous avons plutôt essayé, pour chaque philosophe, de dégager ce qui, dans sa réflexion sur l’art, était le plus pertinent par rapport à la problématique qui est la sienne. Pour donner un exemple, on ne trouvera pas ici d’exposé de la classification des beaux-arts que propose Alain : il nous a semblé preferable d’insister sur ce qui est le plus original, à savoir la critique de l’imagination et la définition conséquente de l’artiste comme homme de l’art,  artisan d’abord.

Nous nous sommes efforcés également à la plus grande diversité possible dans les arts évoqués. La philosophie de l’art n’a, en effet, que trop tendance à être une philosophie de la peinture ! C’est pourquoi il nous a paru souhaitable, dans l` écrit consacré à Nietzsche d’insister sur l’analyse de l’opéra wagnérien comme renaissance de la tragédie grecque, ou dans celui sur Gilles Deleuze, de privilégier les exemples consacrés au cinéma.

 

Jorge Rodrigues Simão, in “Le Monde”, 22.12.205

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